23/01/12

La confraternita dello Scapulaire a Melezet

Copertina del libretto fatto stampare da don Valleret
(Museo Don Francesco Masset del Melezet)
 


LE SIGNE DU SALUT
DANS
LE SCAPULAIRE


DE

N. D. DU MONT-CARMEL
par M.r VALLERET J. B.

PRETRE ET RECTEUR

de la Chapelle de N. D. des Carmes
du Melezet,
(Diocèse de Suse)




TURIN
IMP. JULES SPEIRANI ET FILS
1862

-------------------------------------------------------------------------------
JEAN ANTOINE ODONE

par la grâce de Dieu et du St Siège Apostolique
EVEQUE DE SUSE
ET COMTE

Chevalier des Ss. Maurice et Lazare

    Ayant lu avec toute attention le petit traité qui a pour titre le Signe du salut dans le Scapulaire de N. D. du Mont-Carmel, composé par le Rev. Prêtre J. B. Valleret Curé émérite et Recteur Bénéficier de la chapelle de la S' Vierge des Carmes au Melezet, nous l'approuvons, et permettons qu'il soit imprimé pour l'honneur de la bienheureuse Mère de Dieu, en exhortant vivement les fidèles de demander leur agrégation à l'excellente confrèrie du Saint Scapulaire érigée dans la même chapelle, pour avoir part aux grands avantages spirituels qui y sont annexés. Nous accordons aussi quarante jours d'Indulgence, chaque fois, à quiconque fera à la dite chapelle des Carmes une visite et une prière pour les besoins de la Sainte Eglise, ou une aumône, ou qui se pourvoira du présent livre et le lira avec piété.
Suse, ce 12 Avril 1862. + J. ANTOINE EVÈQUE.
FR. CHIAPEROTTI Secrétaire


INTRODUCTION 
 La confrèrie du saint-Scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel est trop célèbre dans l'Église pour ne pas en rappeler de temps en temps l'histoire pour la gloire de Marie, et en recommander la pratique pour le bien des fidèles. En effet, parmi toutes les dévotions autorisées dans l'Église, en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, il n'en est pas qui réunisse des privilèges aussi extraordinaires et aussi avantageux que la confrèrie du saint-Scapulaire, comme il n'en est pas de plus ancienne, de plus étendue et de plus solidement établie.
C'est ce que l'auteur se propose de démontrer dans cet opuscule, qu'il met à la portée de la moindre intelligence comme de la moindre fortune, ù fin qu'il puisse se répandre parmi toutes les classes des fidèles, et les instruire tous des merveilles de cette sublime dévotion. Or, pour instruire suffisamment les fidèles, et leur donner une connaissance exacte et complète des privilèges et obligations de cette confrèrie, l'auteur n'a rien négligé pour se pourvoir des documents nécessaires auprès des sources les plus fécondes et les plus authentiques. De sorte que cet opuscule, qu'il présente à la piété des fidèles, n'est qu'un résumé moins volumineux et plus succinct de tout ce qui a été écrit et approuvé jusqu'ici sur ce sujet.
C'est pourquoi le présent ouvrage est très-humblement soumis à l'Autorité ecclésiastique du Diocèse, avec la confiance qu'elle daignera l'accueillir-et le favoriser de sa bienveillante approbation (*).


(*) Ce travail ayant eu l'avantage d'are examiné, avant son impression, par le Rév. Père Léopold de s. Joseph ex-provincial de l'ordre des Carmes déchaussés, actuellement Répétiteur de théologie au Séminaire de Suse, a été trouvé exact et conforme à la doctrine de cet ordre.
LE SIGNE DU SALUT
DANS
LE SCAPULAIRE
DE
N. D. DU MONT-CARMEL

-----------------------------------------------
CHAPITRE PREMIER
Origine de l'ordre du Carmel et de la con­frèrie de Notre Dame du Mont-Carmel.
La confrérie du saint-Scapulaire s'étant formée dans le sein même de l'ordre des Carmes, il est à propos de donner quelques notions sur cet ordre et son origine.
    Les Carmes sont un ordre religieux qui tire son nom et son origine du Mont-Carmel, habité autrefois par les prophètes Elie et Elisée.
Dans la Turquie d'Asie, en Syrie (autrefois la Palestine) et entre la Galilée et la Samarie, il est une montagne, en forme de promontoire, appelée Mont-Carmel.
Ce Mont, resserré entre la mer à l'ouest et le Cison à l'est, a environ treize lieues de circonférence , et est élevé de 500 toises au-dessus du niveau de la mer. 11 est couvert de divers arbres presque toujours verts, des chênes, des pins, des oliviers , des vignes sauvages.... et de nombreuses sources jaillissent de ses flancs. Ce qui a fait donner à ce mont le nom de Carmel, qui signifie, en hébreu, moisson, épi plein, vigne de Dieu, lieu délicieux ou fertile.
Ce mont est devenu célèbre dans les annales de la religion par la demeure et les miracles des prophètes Elie et h Elisée, et par le séjour de milliers de solitaires et de religieux qui leur succédèrent. En effet, environ 912 ans avant Jésus-Christ, le Ciel suscita le prophète Elie et Elisée, son disciple, pour ramener au vrai Dieu, par l'éclat des prodiges, des peuples aveuglés et séduits qui le méconnaissaient, et l'esprit divin leur indiqua le Mont-Carmel pour lieu de leur retraite, leurs prières et leurs pénitences. C'est sur ce sommet que le prophète Elie offrit ce sacrifice fameux sur lequel descendit le feu du ciel, et qui confondit l'imposture des prêtres de Baal. Mais ce qui donne plus de célébrité au Mont-Carmel, c'est la vision merveilleuse de ce prophète, qui est réputée pour être le symbole de la très sainte Vierge Marie. Le prophète, ami de Dieu, vit un jour apparaitre sur la mer une nuée petite et légère de la forme d'un vestige humain, mais qui, s'élevant et s'élargissant dans les airs , couvrit bientôt la terre de son ombre et  répandit une pluie abondante et féconde. Image précieuse et touchante de Marie , d'abord si humble et si obscure dans sa retraite; mais qui plus tard, s'agrandissant dans de prodigieuses proportions, devint la mère du Sauveur, la protectrice du monde, la reine des cieux et la source féconde de toutes les grâces.
La sainteté de la vie, non moins que l'éclat des prodiges des prophètes, attirèrent sur le Carmel plusieurs disciples qui, voulant marcher sur leurs traces, se multiplièrent et se succédèrent sans interruption jusqu'à la venue du Messie.
Or, comme la montagne du Carmel est très-rapprochée de Nazareth (environ deux lieues), les disciples des prophètes. eurent le bonheur d'être favorisés dés précieuses visites de la mère de Dieu. Instruits et préparés parla prédication de saint Jean-Baptiste, et plus encore par les paroles pleines de douceur et de vérité qui sortaient de la bouche de la très-sainte Vierge Marie, ils se convainquirent de la sainteté de la doctrine des apôtres et s'empressèrent d'embrasser la foi évangélique. Par reconnaissance pour l'auguste mère de Dieu qui les avait visités si souvent, ils commencèrent à l'honorer d'une tendresse toute filiale. Après sa mort, ils furent les premiers à consacrer une chapelle en son honneur, au lieu même où la nuée miraculeuse et symbolique apparut au prophète Elie. La piété et la dévotion de ces pieux cénobites pour la mère de Dieu frappa si fortement les fidèles de la primitive église, qu'ils commencèrent dès lors à être appelés partout les frères de Notre-Dame du Mont Carmel: et les souverains pontifes non seulement confirmèrent ce titre, mais ils accordèrent encore des indulgences à ceux qui le donnaient ou à l'ordre entier, ou à quelqu'un de ses membres.
Le Carmel commençait à se peupler de nouveaux religieux et à attirer la vénération même des payens durant les quatre premiers siècles' de l'ère chrétienne. Au cinquième siècle il reçut dans son sein une foule de pieux personnages qui s'étaient rendus en Palestine pour visiter les saints lieux de la vie et passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, dans l'intention d'y vaquer aux exercices de la vie contemplative. A-peu-près vers cette époque, l'affluence des fidèles sur le Carmel, leur empressement à visiter l'oratoire de Marie pour y assister aux offices des religieux furent si grands, qu'on résolut de former une sainte confraternité entre les Carmes et les chrétiens qui se réunissaient pour prier avec eux. Quoiqu'on ne puisse fixer l'époque précise de l'établissement de cette confraternité, il est certain qu'elle existait déjà en 847, puisqu'il existe un bulle de Léon IV, qui lui accorda alors des indulgences.
L'ordre des Carmes, tout en s'affermissant dans la ferveur et dans la pratique des vertus parfaites du christianisme, se propageait prodigieusement. Il s'introduisit en Europe, et surtout dans certaines provinces d'Italie et d'Angleterre. Mais Dieu, pour éprouver ses serviteurs, permît qu'on lui suscitât de violentes persécutions. Des ennemis puissants pressèrent vivement le pape Honorius III de le dépouiller de son glorieux titre de Frères de la Vierge Marie du Mont-Carmel, et môme d'abolir entièrement cet ordre. Honorius paraissait disposé à les satisfaire, lorsqu'un avertissement du ciel lui fit connaître la volonté du Seigneur. La sainte Vierge lui apparut durant la nuit pour éclairer sa conscience: et cette nuit même deux des plus signalés ennemis moururent subitement. Honorius, instruit et effrayé par cet évènements, s'empressa d'assembler ses cardinaux, et par une bulle spéciale il approuva l'ordre des Carmes et confirma le titre honorable dont on voulait le dépouiller.
Ainsi justifié et confirmé par l'Église, l'ordre des Carmes allait en se propageant en Europe; mais il était réservé à l'Angleterre de lui procurer le plus glorieux accroissement de gloire, par le don du Scapulaire que la sainte Vierge fît à l'un de ses plus fidèles serviteurs. Livrée célèbre qui, depuis lors, devînt la marque distinctive de l'ordre et de la confrérie du Carmel, le gage glorieux de leur adoption parmi les enfants de Marie, et l'instrument de tant de prodiges. Telle est l'origine de l'ordre et de la confrérie du Mont-Carmel.
CHAPITRE DEUXIÈME
Origine de la confrérie du saint-Scapulaire.
C'est au bienheureux Simon Stock qu'est due l'institution de la vénérable confrèrie du saint-Scapulaire. Simon naquit en Angleterre, l'an 1164, d'une honnête et noble famille du pays de Kent. Dès son enfance, il tourna toutes ses pensées et ses affections du côté de Dieu. A l'âge d'environ douze ans, il fut conduit par l'esprit de Dieu dans un désert, et y fixa sa demeure dans le creux d'un grand chérie. Là, il vivait dans l'exercice d'une prière continuelle: il mortifiait son corps par le jeune et par toute sorte d'austérités: il ne buvait que de l'eau, et ne mangeait que des herbes, des racines ou des fruits sauvages : et la tendre dévotion, dont il avait été prévenu dès le berceau envers la mère de Dieu, croissait tous les jours avec sa pénitence. Il y avait vingt ans que Simon vivait de la sorte, lorsqu'il fut inspiré de se retirer dans un couvent des frères Carmes. Là encore, sa vie fut si régulière, et si exemplaire qu'il ne tarda pas à être élu Vicaire général. Quelque temps après il alla visiter ses frères, qui habitaient encore le Mont-Carmel, et il passa six ans clans la Palestine. De retour en Angleterre, ses mérites le firent élever à la dignité de Prieur général de tout l'ordre des Carmes, vers l'an 1245. Plein de ferveur et de zèle, favorisé du don des miracles et de prophétie, le saint général n'épargna rien pour le perfectionnement de son ordre et pour le salut du peuple chrétien.
Cependant le pieux général voyait avec douleur les chrétiens si peu touchés des maux de l'autre vie: il ne pouvait penser ni aux supplices éternels de l'enfer, ni aux souffrances des âmes du purgatoire, saris éprouver les plus vives émotions. C'est pourquoi il aurait souhaité quelque faveur spéciale de la sainte Vierge pour préserver les hommes de ces malheurs.
A cette peine vint s'en ajouter une autre. Des préventions injustes, des clameurs odieuses, des calomnies indignes s'élevèrent contre les religieux de son ordre: ce qui ne tarda pas à se traduire par des attaques et des persécutions les plus violentes. Dans cet état de douleur et d'anxiété, le saint eut recours à Marie, et la conjura i force de prières et de larmes de venir en aide à un ordre, dont elle était elle-même la fondatrice , et de pourvoir à tous les besoins d'une famille qui, depuis tant de siècles, lui était consacrée. Ses vœux furent exaucés: la sainte Vierge lui apparut un jour, environnée d'esprits célestes , et lui présente le Scapulaire comme une distinction de l'ordre du Carmel et le gage de sa protection spéciale et toute puissante. Voici en quels termes le Saint rapporte lui-même cette apparition:
« Mes très-chers frères, béni soit Dieu,
qui n'abandonne jamais ceux qui espèrent en lui, et ne méprise pas la prière de ses serviteurs. Bénie soit aussi la très-sainte Vierge, mère de notre Seigneur Jésus-Christ qui, se ressouvenant de ses anciennes miséricordes en faveur de son peuple , s'empresse de nous secourir au milieu des tribulations excessives qui nous environnent de toutes parts. Moi, qui ne suis que cendre et poussière, lorsque je répandais mon âme en présence de Dieu, et priais en toute confiance la très-sainte Vierge, que, comme elle avait daigné honorer notre ordre du titre spécial de frères de la bienheureuse Vierge Marie, elle voulut bien aussi se montrer notre mère et notre protectrice par quelque signe sensible de sa bien-vaillance, et qui nous servit de décence contre ceux qui nous persécutent …….
    La bienheureuse Vierge est apparue à moi, environnée d'une troupe d'anges,
et, tenant en main un Scapulaire mystérieux, elle m'a dit: reçois, mon fils,
ce Scapulaire de ton ordre, désormais le signe de ma confrérie. Ce sera pour toi et tous les enfants du Carmel un excellent privilège: et quiconque mourra dans ce saint habit, ne souffrira jamais les flammes éternelles. C'est un signe de salut, une sauvegarde dans les dangers et un gage de paix et d'alliance éternelle »
Dilectissime fili, recipe tui ordinis Scapulare, meae confraternitatis signum: hoc erit tibi et cunctis Carme­litis privilegium, in quo quis moriens, aeternum non patietur incendium. Ecce signum salutis, salus in periculis, foedus pacis et pacti sempiterni.
Ainsi parla Marie, et, laissant le mystérieux Scapulaire entre les mains du fortuné vieillard, elle disparut bientôt à ses yeux. Plein de joie et de consolation à la vue de ce prodige et à l'annonce de tant de faveurs, le saint Général se hâta de faire connaitre à ses religieux le bienfait signalé que Marie venait d'accorder, non seulement à l'ordre des Carmes, mais encore à tout le peuple chrétien. Le saint ne mit pas moins d'empressement à soumettre ce fait extraordinaire au chef de l'Eglise, Innocent 1V, qui voulut bien l'accueillir favorablement, et confirmer cette merveilleuse institution par l'abondance des faveurs spirituelles.
 Dès ce moment le Scapulaire devint la marque distinctive des Carmes et leur confrérie prit le nom de confrérie du saint-Scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel. Alors aussi l'ordre du Carmel triompha glorieusement des injustes agressions dont il était l'objet. Bientôt, dans toute l'Angleterre et ailleurs, cette nouvelle faveur se répandit avec une rapidité étonnante: des personnes de tout rang et de toute condition accoururent auprès du saint pour participer à un si grand trésor. Ceux qui ne purent aller en Angleterre, s'empressèrent de s'adresser aux religieux de cet ordre, qui en étaient aussi les dépositaires, et partout où il y avait des maisons de l'institut, on voyait venir de toutes parts de fervents chrétiens qui demandaient à être revêtus du saint-Scapulaire. Cette dévotion compta bientôt grand nombre d'associés dans toutes les parties du monde et dans toutes les classes de la société: les princes et les sujets, le clergé et les fidèles, tous s'empressaient de s'enrôler dans cette noble milice pour rendre hommage à Notre-Dame du Mont-Carmel. Les progrès furent tellement miraculeux qu'elle pénétra partout en très-peu de temps, grâce au zèle des pasteurs et des religieux qui mirent tous leurs soins à proclamer les innombrables merveilles opérées en faveur des membres de cette confrérie. Telle fut l'origine du saint Scapulaire.
Quant à notre illustre général saint Simon, qui obtint du ciel un si grand bienfait, il fournit une longue carrière de sagesse et de sainteté. Ayant été in­vité à passer en France, il s'embarqua pour Bordeaux; mais, plein de jours et de mérites, il mourut dans cette ville, peu après son arrivée, le 16 juillet 1265, dans la centième année de son âge. On l'enterra dans la cathédrale, et il fut bientôt honoré parmi les saints. Le pape Nicolas II permit de faire sa fête à Bordeaux le 16 mai; et Paul V étendit cette permission à tout l'ordre des Carmes.



CHAPITRE DEUXIÈME

Privilèges et avantages du saint-Scapulaire.


De toutes les confréries ou dévotions établies dans l'Église, on n'en connaît aucune qui réunisse des privilèges aussi insignes et aussi avantageux que la confrérie du saint-Scapulaire. Voici le sommaire de ceux dont peuvent jouir, par les mérites de la sainte Vierge, toutes les personnes qui portent pieusement le saint habit du Scapulaire.
  § 1.Adoption spéciale d'enfant de Marie. 
Cette adoption spéciale d'enfant de Marie est parfaitement exprimée dans les premières paroles qu'elle adressa à saint Simon, et qu'elle adresse encore à chaque fidèle au moment de son agrégation à cette confrèrie. Recipe, fili, meae confra­ternitatis signum. «Recevez, mon fils, le signe de ma confrèrie ». Paroles pleines de tendresse, par lesquelles la mère d'un Dieu veut bien appeler un pécheur son fils, s'en déclarer la mère, le faire membre de sa famille, de sa maison, et lui en donner la marque distinctive dans la sainte livrée du Scapulaire. De sorte que, quand les conciles et les papes donnent, aux associés du Carmel l'illustre qualité d'enfants de Marie, ils ne prétendent pas les confondre avec les autres fidèles; mais ils veulent exprimer par-là cette adoption spéciale qui fait leur gloire. Quelle singulière bonté de Marie! 
§2. Préservation de l'enfer.
Oui, Marie a promis de préserver de l'enfer ceux qui porteront pieusement le Scapulaire. Ce privilège inouï est formellement exprimé dans ces paroles de Marie: Hoc (Scapulaire) erit tibi et cunctis Carmelitis privilegium: in quo quis moriens, aeternum non patietur incendium.  «Ce Scapulaire sera pour toi et tous les enfants du Carmel un grand privilège:  et quiconque mourra dans ce saint habit, ne souffrira jamais les flammes éternelles».
C'est-à-dire que Marie ne permettra pas que ses fidèles serviteurs et ses vrais enfants se damnent; mais elle leur fournira pendant leur vie, et surtout au moment de leur mort, une assistance privilégiée et si efficace que, par son moyen, ils obtiendront de Jésus-Christ, son fils, une abondance de grâces plus que suffisantes et capables de les préserver à jamais de la mort éternelle. C'est ce que l'histoire nous confirme par une infinité d'exemples. O que d'âmes dans le ciel, qui, sans le secours du saint Scapulaire n'y seraient pas! O qu'il y en a en enfer qui se seraient préservées de ce malheur en se revêtant du saint habit de .Marie! Le Scapulaire est donc ainsi une marque de prédestination, un vrai signe de salut. Signum salutis.
  § 3. Sauvegarde dans tes dangers. 
Cette promesse résulte pareillement des paroles suivantes de Marie: Ecce signum salutis, salus in periculis. Voilà un signe de salut, une sauvegarde dans les dangers. Privilège qui a été confirmé par la sacrée congrégation des Rits , dans ces termes: Ut, coelesti hâc veste, ordo ille sacer dignosceretur, et a malis ingruen­tibus protegeretur. C'est-à-dire: pour que cet ordre fût distingué par cet habit, et que ses membres fussent à l'abri des maux temporels prêts à fondre sur eux. C'est en effet ce qu'ont éprouvé de tout temps une infinité d'associés à l'admirable confrérie du saint Scapulaire: et il serait réellement impossible de compter les personnes qui ont échappé aux plus grands périls par la protection particulière de Marie. Le feu, le fer, le plomb, tous ces instruments de mort ont souvent laissé intacts et pleins de vie ceux qui portaient le saint Scapulaire. Au sein des plus grands dangers tant sur terre que sur mer, dans les incendies et les inon­dations, les orages et les tempêtes, les attaques et les précipices, les afflictions et les maladies, enfin nul péril, nulle calamité, nulle misère qui ait résisté à la prodigieuse vertu du Scapulaire. 
On voit partout nombre de livres racontant ces miracles; des ex-voto innombrables suspendus autour des autels de Notre-Dame du Mont-Carmel: et tout cela comme autant de langues qui publient hautement la vérité de ce privilège: «ce sera une sauvegarde dans les dangers ». Salus in periculis.  

§ 4. Alliance et communication de mérites.

Marie a ajouté que le Scapulaire est encore un gage de paix et d'alliance éternelle. Foedus pacis et pacti sempiterni. Gage de paix et d'aillance non seulement entre cette bonne mère et ses enfants adoptifs, par l'effusion de sa tendresse et de ses bienfaits; mais encore entre eux ­mêmes, par l'exercice d'une charité toute fraternelle, et par la communication de leurs biens spirituels. En effet, par ce privilège, les confrères du Scapulaire entrent dans une sainte association avec l'ordre des Carmes, que son antiquité, sa sainteté et ses vertus ont rendu si vénérable. De plus, ils participent aux mérites de l'ordre, lequel se compose de deux corps, les Carmes et les Carmélites; tous deux également très-méritants.
Enfin ils participent aussi aux mérites et aux bonnes œuvres de tous les membres de la confrérie du Scapulaire. Quel trésor immense! combien de messes célébrées ou entendues! combien de prières et de communions! combien de jeûnes, de veilles, de mortifications, de pénitences! combien d'aumônes spirituelles et temporelles! enfin , combien d'œuvres de vertu et de piété de toutes les espèces ! Qui peut concevoir l'immensité des biens spirituels auxquels participent les confrères du saint-Scapulaire!
§  5. Délivrance du purgatoire.

Le cœur de Marie est vraiment inépuisable. Sa tendre sollicitude pour ses enfants veut encore les suivre jusques dans l'autre vie pour les secourir dans leurs peines temporelles. Oui, Marie a encore promis de délivrer des flammes du purgatoire, le premier samedi après leur mort, ceux d'entre les confrères qui, ayant toujours porté le Scapulaire, auront rempli certaines conditions renfermées dans la bulle dite Bulle sabbatine. Cette promesse a été faite par la sainte Vierge au pape Jean XXII, plus de 60 ans après celle dont nous venons de parler. Elle est. ainsi rapportée dans sa bulle de 1316.
  « Jean, vicaire de mon fils, vous m'êtes redevable de la haute dignité où vous êtes élevé, par mes sollicitations pour vous auprès de mon fils: et comme je vous ai soustrait aux embûches de vos adversaires, j'attends de vous une ample et favorable confirmation du saint Ordre des Carmes, qui a pris naissance au Carmel, et qui, descendant d'Elie et d'Elisée, m'a toujours été singulièrement  dévoué... et si, parmi les religieux ou confrères, qui quitteront le siècle présent, il s'en trouve dont les péchés « auraient hâté l'entrée en purgatoire, je descendrai comme leur tendre mère au milieu d'eux dans le purgatoire, le samedi après leur mort; je délivrerai ceux que j'y trouverai, et je les ramènerai sur la montagne sainte dans le séjour de la vie éternelle».
  Quelle promesse magnifique! Quel privilège ineffable !
  
 
  § 6. Concession d'indulgences.
  Enfin, ce qui rend encore la confrérie du saint-Scapulaire infiniment avantageuse, c'est le grand nombre d'indulgences dont l'église ne cesse de l'enrichir. Elle a, pour ainsi dire, épuisé les trésors spirituels en faveur de ceux qui portent le saint habit. Voici le sommaire des principales indulgences accordées à cette confrérie: 
Indulgences plénières.
1° Le jour de la réception du Scapulaire. 2° Le jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, ou l'un des jours de l'octave.
3° A l'article de la mort, pourvu que l'on prononce, au moins du cœur, le saint nom de Jésus.
4° Le jour de chaque mois où l'on fait la procession de la confrérie. Les personnes qui ne pourraient assister à la procession, peuvent néanmoins gagner cette indulgence en visitant la chapelle, ou même, en cas d'impossibilité, en récitant le petit office de la Vierge, ou bien cinquante Pater et Ave avec un acte de contrition.
5° Toutes les fois que les autres confréries ont indulgence plénière.
  Pour gagner ces indulgences plénières il faut se confesser et communier, et prier selon les intentions du souverain Pontife.
 
Indulgences non plénières.
1° De cinq ans et cinq quarantaines à ceux qui, revêtus du saint-Scapulaire, communient une fois par mois, ainsi qu'à ceux qui accompagnent, avec un cierge, le saint Viatique chez les malades et prient pour eux.
2° De trois ans et de trois quarantaines, chaque fois. à ceux qui, contrits et confessés, communieront à quelque fête que ce soit de la sainte Vierge, et prieront selon les intentions du souverain Pontife.
3° De trois cents jours à ceux qui s'abstiennent de manger de la viande le mercredi; et à ceux qui récitent les litanies du saint nom de Jésus.
4° De cents jours à ceux qui récitent l'office de la Vierge; à ceux qui assistent à la messe ou office de piété, qui se font dans l'église, chapelle ou oratoire de la confrérie; a ceux qui accompagnent au cimetière le corps des défunts, confrères ou non confrères, et qui prient pour eux; à ceux qui exercent quelque œuvre de miséricorde spirituelle ou corporelle, ou toute couvre de charité et de piété, quelle qu'elle soit.
5° De quarante jours, pour chaque fois, à ceux qui récitent sept Pater et Ave Maria en l'honneur des sept allégresses de la sainte Vierge.
Toutes ces indulgences, plénières ou non plénières, sont applicables aux Mmes du purgatoire.

CHAPITRE QUATRIÈME
Conditions nécessaires pour participer aux privilèges et indulgences du Saint-Scapulaire.

1. Du Scapulaire, de sa forme et comment il faut le porter.
Le Scapulaire, dont il s'agit ici, est le petit habit de Notre-Dame du Mont-Carmel, qui consiste en deux petits morceaux de draps de deux pouces environ en carré, qui sont attachés par deux cordons.
Le Scapulaire doit être en drap de laine, d'une couleur tannée ou café, carmélite ou brune: en deux parties, unies par deux cordons de fil ou de coton, de soie ou de laine, à la volonté de chacun.
L'image peinte ou imprimée de la sainte Vierge, cousue ordinairement au Scapulaire, n'est pas nécessaire. C'est néanmoins un usage pieux et louable.
   Le Scapulaire doit se porter suspendu autour du cou, les cordons appuyés sur les épaules, de manière qu'une partie tombe sur la poitrine et l'autre partie sur les reins (Décision de la sacrée congrégation du 12 février 1840).
, Le Scapulaire peut se porter, chacun selon son gré, ou en-dessus ou en-dessous ou entre les vêtements.
Le premier Scapulaire, dont on veut se revêtir le jour de sa réception doit être béni par un prêtre muni des pouvoirs nécessaires; mais quand il est hors d'usage ou s'il vient à s'égarer, on peut le remplacer sans nouvelle bénédiction. 
§2. Des obligations générales des confrères.
Pour être membre de la confrérie du saint-Scapulaire et avoir droit aux privilèges et avantages propres de la confrérie (excepté toutefois le privilège de la bulle sabbatine), il suffit de remplir les conditions suivantes:
Se faire agréger dans une confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel érigée canoniquement, et recevoir le Scapulaire des mains d'un prêtre muni des pouvoirs nécessaires pour le bénir et le donner. 
Se faire inscrire sur le registre destiné à contenir les noms des confrères. 
Porter habituellement sur soi le Scapulaire, le jour, la nuit, en voyage, en maladie et même à la mort, sans jamais le quitter, hormis dans des cas de nécessité momentanée.
Il n'y a ni prières, ni abstinences, ni jeûnes particuliers qui soient prescrits pour être membres de la confrérie; il suffit de recevoir et de porter le Scapulaire, comme il vient d'être expliqué. L'abstinence du mercredi, ainsi que la récitation des sept Pater et Ave, n'est pas obligatoire pour gagner les indulgences du Scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel. C'est uniquement une libre et pieuse pratique pour gagner les indulgences particulières qui y sont attachées.
§3. Des obligations particulières à remplir pour gagner l'indulgence dite Sabbatine.
    Pour jouir du privilège de la bulle sabbatine, c'est-à-dire pour obtenir la délivrance du purgatoire, le premier samedi après sa mort, il faut non seulement remplir les obligations générales exprimées ci-devant, mais il faut de plus observer ce que suit:
Garder la chasteté selon son état, c'est-à-dire la virginité avant le mariage, la fidélité dans le mariage et la continence dans le veuvage, pour les hommes comme pour les femmes.
Réciter chaque jour, par devoir ou par dévotion, l'office canonial ou le petit office de la Vierge. Quiconque serait déjà tenu à la récitation de ces offices, ou par vœu, ou par pénitence, ou par toute autre obligation, satisfait également en le récitant pour une de ces causes.
    Les personnes qui ne savent pas lire, doivent suppléer à la seconde condition par l'exacte observance des jeûnes de l'Eglise et l'abstinence de la viande le mercredi, outre le vendredi et le samedi, excepté le jour de Noël s'il tombe un de ces trois jours.
Ces obligations sont fondées sur la bulle de Jean XXII, sur celle de Paul V et sur les paroles de l'Eglise, comme il conste dans les légendes de l'office de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Nota.
Les personnes qui, sachant lire, se trouvent dans l'impossibilité de réciter en entier l'office de la Vierge , peuvent en être dispensées en partie , et, au besoin, n'être astreintes qu'à la récitation des Vêpres, ou bien seulement de l'Ave maris stella, Magnificat et Salve Regina. L'office tout entier peut même être commué en d'autres œuvres si on se trouve dans l'impossibilité absolue d'en réciter la moindre partie.
Les personnes qui ne savent pas lire, et qui se trouvent dans l'impossibilité réelle, soit de jeûner, soit de garder l'abstinence du mercredi, etc., peuvent faire commuer cette obligation en toute autre privation ou bonne œuvre.
Les confesseurs carmes ont tous le pouvoir de commuer les obligations commutables, dont nous venons de parler; mais il n'en est pas ainsi des autres prêtres, qui ont simplement reçu la faculté de bénir et de donner le Scapulaire. D'après une décision de la sacrée Congrégation des indulgences, en date du 22 juin 1842, il faut demander et avoir reçu un pouvoir spécial pour commuer les obligations commutables du saint-Scapulaire.



CHAPITRE CINQUIÈME

Solidité de la dévotion du saint-Scapulaire.
Une dévotion antique, universelle, justifiée par la raison, consacrée par l'autorité, confirmée par les miracles, est sans doute une dévotion solide et digne de confiance. Or, telle est celle dont nous venons de présenter l'histoire, que. nous terminons par le résumé suivant:
1° Dévotion antique. La confrérie du saint-Scapulaire est née au XIIIème siècle dans le sein même de la confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel, établie en Orient de temps immémorial, et fondée dans l'ordre des pères Carmes, qui, par une succession non interrompue, descendaient des prophètes Elie et Elisée, et qui se sont maintenus pendant tout le temps de la Synagogue, sans périr sous ses ruines. On a voulu tenter, mais en vain, de ravir â cet ordre la gloire de descendre de ces deux patriarches, et d'en avoir Elie pour fondateur; l'Eglise, conformément à la tradition sacrée et profane, au sentiment de plusieurs pères de l'Eglise grecque et latine, St Basile et St Grégoire clé Nazianze, St Jérôme et St Ambroise, l'Église, disons-nous, a confirmé cette croyance par des Bulles en faveur de l'ordre; par l'approbation de l'office d'Elie où il est ainsi qualifié; par l'autorisation accordée aux Carmes d'ériger, dans l'église de Saint Pierre de Rome, une statue au patriarche Elie, avec cette inscription qu'on lit encore aujour­d'hui: Univers us Carmelitarum ordo fundatori suo Eliae. C'est-à-dire: L'ordre entier des Carmes à son fondateur Elie.
2° Dévotion universelle. Nous l'avons dit, elle ne fut pas plutôt rendue publi­que, que les souverains et les peuples s'empressèrent à l'envi de recevoir le saint habit. Edouard 1er, roi d'Angleterre, Louis XI, Louis XIII, Louis XIV, rois de France; Ferdinand, Philippe, etc., rois d'Espagne; Sébastien , roi de Portugal; les Ducs de Savoie, et tant d'autres princes, qui ne crurent pas mieux orner la pourpre royale qu'en la décorant de la précieuse livrée du Scapulaire. Cette royale dévotion, partagée par le peuple et répandue dans toutes les classes de la société, se trouve ainsi implantée dans toutes les parties du monde.
  Dévotion justifiée par la raison. Cette dévotion vient directement du Ciel, par l'entremise de la sainte Vierge. Or, qu'il ait été donné à Marie de faire aux hommes les promesses qui s'y rattachent, c'est ce dent aucun fidèle ne peut ni douter, ni s'étonner, puisqu'il est reçu dans l'Église et enseigné par tous les docteurs que la puissance de Marie n'a d'autres bornes que la toute-puissance de Dieu même; et que, tout ce que Dieu peut par sa propre vertu, elle le peut elle-même par ses prières. Quod Deus imperio, tu prece, Virgo potes. La première promesse a été faite à un grand serviteur de Dieu, à un saint Général de l'ordre le plus recommandable par sa ferveur et ses vertus, doué du don des miracles et mort en odeur de grande sainteté, après une longue vie toute consommée dans la plus rigoureuse pénitence. Or, un homme de vertu si éminente et de sainteté si publique n'a pu être soupçonné d'imposture. La seconde promesse a été faite au Vicaire même de Jésus-Christ, à un grand pape, illustre par sa science, sa piété et son zèle pour le bien de l'Eglise; il l'as­sure formellement, il le certifie en face de l'univers par des bulles toutes spé­ciales, et le tout est confirmé par nombre de souverains Pontifes. 
4° Dévotion consacrée par l'autorité. La. dévotion du Scapulaire est fondée sur les deux prédites révélations de la sainte Vierge, faites, l'une à saint Simon Stock, et l'autre au pape Jean XXII. Or, ces deux révélations sont authentiques. Les souverains Pontifes ont tout fait pour ne laisser aucun doute sur leur vérité. Consulté sur la première, Jean XXII déclare dans une première bulle , faite exprès en 1316 , l'avoir examinée au poids du sanctuaire, et l'avoir trouvée très-véritable. Quant à la seconde, il atteste que c'est personnellement à lui que la sainte Vierge, dans une apparition, a fait cette promesse. Pour mieux attester la chose, il donne une seconde bulle, en 1322, où il renouvelle la première. En 1409, Alexandre V fait sur le même sujet une bulle, où il confirme celle de Jean XXII. En 1320 et 1538, Clément VII renouvela les bulles de Jean XXII et d'Alexandre V. En 4606, Paul V en donne une plus explicative. Depuis lors, quinze souverains Pontifes , parmi lesquels Benoît XIV, se sont expliqués dans le même sens au sujet de la confrérie du saint-Scapulaire dans des jugements solennels. Les discussions qui s'étaient élevées contre l'authenticité de la seconde promesse, ont entièrement cessé depuis longtemps. Tous les théologiens sont unanimes sur ce point. Saint Liguori en parle comme d'une chose connue et admise de tout le monde (Paraphrase du Salve Regina). Enfin l'Eglise consacre cette dévotion par l'institution de l'office et de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel.
5° Dévotion confirmée par les miracles. Les miracles sont comme le sceau de l'approbation divine. Ils sont le signe le plus sensible que nous puissions avoir de la solidité d'une dévotion, par la raison que Dieu lui-même est intéressé à ne point permettre de miracles en faveur d'une dévotion qu'il désapprouverait. Par conséquent les miracles ont une autorité divine, à laquelle on ne peut résister: et lorsque les chrétiens voient s'en opérer en faveur d'une dévotion qui se présente, ils embrassent avec confiance cette dévotion, sans crainte d'être trompés. Or, de toutes les dévotions adoptées par l'Eglise, il n'en est point qui ait été signalée par des miracles plus nombreux et plus authentiques. Nous pourrions les rapporter par milliers; mais les limites de cet ouvrage ne permettent que d'en citer brièvement quelques-uns.
En 1253, en Angleterre, un gentilhomme, nommé Walter, étant moribond et livré, par l'effet de ses désordres, au plus affreux désespoir, jurait et blasphémait comme un démon, ne voulant entendre parler ni de Dieu, ni des sacrements ….  Le bienheureux Simon Stock ayant été appelé, et voyant que ce misérable n'avait plus l'usage de ses sens, fait le signe de la croix sur le malade, le revêt du Scapulaire, et se met en prières. Tout-à-coup , ô prodige admirable! le moribond revient à lui en s'écriant avec émotion et effusion de larmes: « O mon Dieu ! ayez pitié de moi...! et vous, ô mon père! aidez-moi, je veux me confesser ». Ce qu'il fit sur-le-champ avec toutes les marques d'un sincère repentir; et, après avoir été muni de tous les secours religieux, il mourut dans la paix du Seigneur. L'évêque de Winche­ster fit dresser procès-verbal de ce miracle.
En 1622, au siège de Montpellier, sous Louis XIII, Mr de Beauregard, officier plein de bravoure, fut frappé à la poi­trine d'un coup de mousquet; les deux balles furent trouvées applaties sur sou Scapulaire, sans lui faire aucune blessure. Le roi lui-même fut témoin de ce prodige.
En 1636, en Italie et au combat du Tésin, un officier de la compagnie du chevalier de Vitry reçut en pleine poi­trine un boulet, qui lui déchira le coeur. Il eut néanmoins tout le temps de se con­fesser. Le chirurgien, en sondant la plaie, retira le Scapulaire que le boulet y avait enfoncé. Victor Amédée, duc de Savoie, en fit faire le procès-verbal par l'archevêque de Turin
Monseigneur de Sourdis, archevêque de Bordeaux, descendit un jour de cheval pour recevoir la confession d'un homme qui se mourait en campagne. Ce moribond était revêtu du Scapulaire.
En 1645, à Prague en Bohême, un illustre magistrat de la ville, Jean-Baptiste Castel, se raillait souvent de son épouse qui portait le Scapulaire: celle-ci lui répondit un jour: «prenez garde que ce mépris insultant ne vous attire la malédiction de Dieu». Peu après il fut atteint d'une ophtalmie très-dangereuse, et que tout l'art médical ne put guérir. Forcé alors de reconnaître que sa maladie était une punition de Dieu, il résolut de chercher sa guérison dans le signe même qu'il avait méprisé par ignorance.
Or, le jour même qu'il reçut le Scapulaire, après s'y être dignement préparé par les sacrements, il obtint une guérison si parfaite que, depuis, il se trouva en état d'exercer sans interruption toutes les fonctions de la magistrature. Ce magistrat dressa lui-même un mémoire authentique de sa guérison miraculeuse.
Un étudiant de Padoue, que ses désordres avaient conduit au désespoir, voulut se tuer; il se mit à se frapper de plusieurs coups de poignard sans en venir à bout; le poignard s'arrêtait toujours sur un Scapulaire qu'il avait reçu en des temps meilleurs. Frappé de cet évènement prodigieux, il se repentit et répara ses fautes par une vie chrétienne.
En 1828, à Marseille, un jeune homme de 14 à 15 ans, fils d'un capitaine de vaisseau, avait sollicité et obtenu de son père la permission de faire un voyage avec lui sur mer. A peine le navire avait il fait trente lieues, qu'il s'éleva un violent orage. Or, pendant que le jeune homme, penché sur le bord vers la proue, prétendait par légèreté faire preuve de courage, tout-à-coup une vague impétueuse vint le précipiter dans les flots. Un seul matelot entendit un faible cri: «au secours »; il se jette promptement avec un autre matelot dans le canot du navire pour voler au secours du noyé, bien reconnu pour ne savoir nager. Or, quel ne fut pas leur étonnement lorsque, déjà bien loin du vaisseau, ils le virent se soutenir lui-même au-dessus des flots, tenant son chapeau d'une main et son Scapulaire de l'autre. Ainsi recueilli et ramené au vaisseau, il se jette entre les bras de son père en criant de toutes ses forces devant tout l'équipage: « la sainte « Vierge m'a sauvé, la sainte Vierge m'a sauvé ...»; il raconte qu'au moment de sa chute, et tandis qu'il se débattait, il lui avait semblé entendre une voix qui lui disait: « Prends ton Scapulaire et tu « ne périras pas»; qu'il avait senti alors comme une main qui le soutenait et l'empêchait de couler à fond. Sitôt que le calme fut rétabli sur la mer, on entonna l'Ave maris scella avec tous les transports de la joie et de la reconnaissance; et au retour du voyage le capitaine s'empressa de suspendre un ex-voto dans la chapelle de la sainte Vierge, honorée spécialement par les marins.
Monseigneur de Coislin, archevêque de Besançon, parle, dans un de ses man-, déments de 1720, d'un Scapulaire qui, jeté dans un violent incendie, l'éteignit à l'instant même, et fut retiré du milieu des flammes sans avoir été aucunement endommagé.
Voilà, et par une infinité d'autres exemples, comment le Scapulaire confirme les promesses de Marie; c'est là un signe de salut: signum salutis; et une sauvegarde dans les dangers : salus in pe­riculis.
CONCLUSION
Après ce qui vient d'are exposé au sujet du saint-Scapulaire, il est aisé de voir et de comprendre que cette dévotion est solidement établie; qu'elle présente à l'espérance chrétienne des fidèles les plus grands privilèges dont ils peuvent jouir pendant la vie, au moment de la mort, et même au-delà du trépas; qu'elle nous offre une ferme assurance contre les dangers temporels, dont nous sommes environnés. De plus, cette dévotion nous ouvre un trésor immense de richesses spirituelles ; elle associe ses membres à un des ordres les plus saints de l'Eglise; elle les rend participants de tous les mérites des confrères; enfin elle leur donne droit aux indulgences les plus étendues.


En présence de tant d'avantages et d'aussi minimes obligations, tout bon chrétien peut-il hésiter... peut-il balancer un instant...? En portant la livrée de Marie, nous appartenons spécialement à cette bonne mère, pourrions nous craindre d'être jamais délaissés, abandonnés. . ! non, non. A l'ombre de ses ailes et sous la sauvegarde de sa protection, nous aurons dans son habit une armure impénétrable, contre laquelle viendront se briser tous les traits de l'ennemi de notre salut; c'est-à-dire en un mot: que l'enfant de Marie ne périra jamais: filius Mariae numquain peribit.
Oui, ô Marie! Vous avez promis votre protection à vos enfants du Carmel; et c'est surtout dans cette bénie famille que vous signalez la puissance de votre bras et l'étendue de votre miséricorde; que vous comblez de biens ceux qui vous sont dévoués et qui vous invoquent. O Vierge du Carmel! Nous aussi, vos enfants, voulons nous dévouer à votre amour; daignez abaisser sur nous vos regards maternels; protégez-nous contre les dangers et les écueils de ce monde; défendez-nous contre l'ennemi de notre salut; assistez-nous dans tous nos besoins spirituels et corporels de la vie présente... Mais, ô mère de miséricorde! Venez surtout à notre secours au moment de notre mort; ah! De grâce, obtenez-nous, à cette heure suprême et décisive le temps et les moyens de nous convertir sincèrement et de mourir saintement dans votre saint habit du Scapulaire, afin que nous puissions échapper aux tourments de l'enfer. Enfin si, malgré nos satisfactions de la vie, nous sommes encore condamnés, après la mort, à expier nos fautes dans le purgatoire, daignez, ô tendre mère! venir, selon votre promesse, nous visiter dans ce lieu de souffrances, et nous en retirer bientôt, pour nous conduire dans le séjour de la vie éternelle, où, avec les transports de la plus vive reconnaissance, nous chanterons et célébrerons à jamais et vos grandeurs et vos bontés: Tunc exultabimus et laetabimur in te memo­res uberum tuorum.
Purpura non tanti, nec tanti serica vestis;
Virginis haec quanti lanea vestis erit.
La pourpre, le satin et la soie la plus chère,
Ne me sont que dédain au prix du Scapulaire.

INVOCATION A MARIE
 
Je mets ma confiance,
Vierge, en votre secours;
Servez-moi de défense,
Prenez soin de mes jours;
Et quand ma dernière heure
Viendra fixer mon sort,
Obtenez que je meure        bis
De la plus sainte mort.
*
Sainte Vierge Marie,
Asile des pécheurs;
Prenez part, je vous prie,
A mes justes frayeurs;
Vous êtes mon refuge;
Votre fils est mon roi:
Mais il sera mon juge;     bis
Intercédez pour moi.
*
A votre bienveillance,
O Vierge, j’ai recours;
Soyez mon assistance
En tous lieux et toujours.
Vous êtes notre mère;
Jésus est votre fils ;
Offrez-lui la prière            bis
De vos enfants chéris.
*
O divine Marie!
Recevez nos respects;
Le ciel vous a remplie
Des dons les plus parfaits;
Le monde en vous révère
Son Seigneur et son Dieu;
Que le Fils et la Mère       bis
Soient bénis en tous lieux.
NOTICE

SUR LA CHAPELLE DES CARMES
DU  MELEZET 
 
En la paroisse de Melezet, canton de Bardonnèche, province de Suse, il existe une vaste et belle chapelle, en forme d'église, sous le vocable de Notre-Dame des Carmes. Cette chapelle possède un presbytère avec certains fonds pour l'entretien d'un prêtre en qualité de Recteur de la chapelle et de prêtre auxiliaire pour le service de la paroisse. Cette pieuse fondation a été faite en 1649 et suivants... par trois frères Roude, Barthelemy, George et Antoine, de Melezet; et par le concours de leur neveu Roude Simon, prêtre et prieur de Mentoulle.
En l'an 1651, la confrérie du saint Scapulaire a été canoniquement instituée dans cette chapelle en vertu d'un Diplôme authentique de Rome, en date du 1 octobre 400, et dûment approuvé par l'Ordinaire. Or, le Recteur canonique de la chapelle est aussi le directeur légitime de la confrérie, avec le pouvoir ordinaire d'y agréger tous les fidèles sans distinction d'âge, de sexe et de lieu.
Conformément aux constitutions de la confrérie, il y a à Melezet, tous les quatrièmes dimanches du mois, procession solennelle avec station à la chapelle des Carmes. En hiver on y supplée à l'église paroissiale par le chant des Litanies de la Vierge, suivi de suffrages pour les confrères défunts; ce qui s'est toujours pratiqué ainsi depuis l'institution de la confrérie. Cette procession est favorisée de précieuses indulgences, ainsi que les visites particulières . …   (Voyez ci-devant chapitre troisième, §6, des indulgences).
Sitôt que l'établissement de la confrérie du saint-Scapulaire à Melezet fut connu, on s'empressa de toute part à venir s'y faire agréger. Il est vraiment prodigieux le nombre des confrères qu'on trouve inscrits dans les registres de la confrérie, surtout jusqu'à la révolution française de 1790.
Ce qui n'est pas moins remarquable, c'est d'y voir figurer non seulement des confrères de toutes les paroisses de la Vallée et d'autres de la province, mais encore de plusieurs paroisses du Briançonnais et de la Maurienne. Depuis son établissement, et durant plus de 150 ans, on remarque qu'il n'a pas passé d'année sans y avoir des admissions par centaines; mais, depuis la susdite révolution, soit par discontinuation des Recteurs, soit par négligence des fidèles, les admissions n'ont plus été ni aussi régulières, ni aussi nombreuses.
C'est pour ranimer, autant que possible, cette antique piété chrétienne, que nous venons offrir aux fidèles de nos jours ce petit traité sur les prérogatives vraiment extraordinaires de la confrérie du saint-Scapulaire... Venez donc, chrétiens, vous surtout fidèles de la Vallée et des environs, venez sur les vestiges de vos pères vous enrôler sous l'étendard de la Reine des cieux, recevoir la livrée de sa protection, et vous revêtir du signe de votre salut: Signum salutis.
Héritiers du sang de vos pères, soyez aussi les héritiers de leur foi, en venant leur succéder dans les registres de cette précieuse confrérie, comme vous le faites dans ceux de la société civile, afin de léguer aussi à vos enfants le même exemple de piété que vous ont donné vos pères.
Nota.
1° La fête de la confrérie du Scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel, fixée au 16 juillet, se solennise, à Melezet, le dimanche suivant, hormis qu'elle coïncide avec le dimanche même. Les réceptions se font en tout temps; mais on invite les fidèles à choisir de préférence le jour de la solennité, ou toute autre fête de la sainte Vierge.
2° Règle générale: pour gagner des indulgences non-plénières, il suffit d'être en état de grâce habituelle, c'est-à-dire exempt au moins de péché mortel; mais pour gagner des indulgences plénières, il faut toujours se confesser, communier et prier selon les intentions du souverain Pontife, hormis qu'on soit dans l'usage de la confession très-fréquente. 
Il est donc de tout intérêt, comme de toute convenance, que la réception du saint Scapulaire soit précédée de la confession et communion, afin de gagner l'indulgence plénière y attachée, et de mériter les faveurs de la très-sainte Vierge. On peut recevoir ces Sacrements en quelque lieu que ce soit, et même quelques jours auparavant la dite réception.

 
TABLE
Introduction ...  (*) page    5

Chap. I. Origine de l'ordre du Carmel et de la confrérie
            de N. D. du Mont-Carmel. .... 7
Chap. II. Origine de la confrérie du  Saint­ Scapulaire ... 14
Chap. III. Privilèges et avantages du Saint­ Scapulaire... 21
Chap. IV. Conditions nécessaires pour participer aux
              privilèges et indulgences du Scapulaire .... 31
Chap. V. Solidité de la dévotion du Saint Scapulaire .... 37
Conclusion   .....  47
Notice sur la chapelle des Carmes de Me­lezet .... 53

(*) i numeri pagina sono significativi nel libretto stampato

Immagine del quarto di copertina